Datation des vitraux Imprimer
Écrit par G.R.   
Samedi, 07 Décembre 2013 18:00

D'après Léon APPERT - Note sur les verres des vitraux anciens (1896)


Si le procédé des verres colorés remonte probablement à l'époque égyptienne et bien que des chroniques ecclésiastiques mentionnent des verrières aux fenêtres des églises dès 325, on ne trouve pas, en France, de vestiges antérieurs au XI ème siècle et les plus anciens vitraux connus  remontent au XII ème siècle. À l'origine probablement réalisés par des moines, les vitraux ne sont pas signés jusqu'à la fin du  XIV ème siècle.

Les procédés de datation se fondent sur plusieurs indices tant relatifs à la composition qu'à la technique :

- la nature des verres, leur coloration et leur dimension

- le dessin des personnages, des costumes

- le lettrage des inscriptions éventuelles

- les procédés de peinture des grisailles.

Toutefois, il y a lieu de prendre en compte d'éventuelles "restaurations" susceptibles de brouiller les indices comme par exemple, lorsqu'un vitrail a été complété à l'aide de verres d'un autre d'époque différente !

 

On peut déduire de l'ouvrage cité en référence une tentative de chronologie :

 

 

- XI ème siècle à fin XII ème siècle:

grisaille : dessin naïf des têtes, mains et plis des costumes, traits simples d'épaisseur variable jusqu'à 1 cm pour des sujets distants (placés en hauteur) ; ombrages par des traits parallèles ou des croisillons

dimension des verres : faibles (<3dm²) souvent plusieurs pièces pour une figure, réminiscence partielle de la forme des cives (plateau circulaire Φ ~10 cm, origine Normandie)

couleur : souvent autant de rouge que de bleu (fonds en mosaïque)

 

- fin XII ème siècle au  XIII ème siècle :

grisaille : "modelage" des figures, formes archaïques, vêtements romains

dimension des verres : faibles (<3dm²) souvent plusieurs pièces pour une figure, réminiscence partielle de la forme des cives (plateau circulaire Φ 12 cm ou plus)

nature des verres : manque de planéité, épaisseur inégale, présence de veines circulaires concentriques (cives) dans les rouges, bleus et jaunes

couleur : moins de rouge (notamment dans l'Est)

 

- fin XIII ème siècle à fin du XIV ème siècle :

Apparition du jaune d'argent caractéristique, présent à profusion au XIV ème siècle (cheveux et barbes notamment)

représentation d'architectures gothiques

couleur : rouge seulement en vêtement (pratiquement)

technique : procédé par manchon donnant un verre plus plat et de teinte uniforme comme ceux utilisés dans l'Est depuis le  XIII ème siècle

 

- fin XIV ème siècle à fin du XV ème siècle :

vitraux moins "bons" et moins bien exécutés

 

- XVI ème siècle :

renouveau, présence d'architecture et de paysages ;

verres : nouvelles fabrications souvent multicouches apportant des nuances de couleurs ; présence d'émaux fondus (vitraux "suisses")

mais aussi des verres clairs avec grisaille pour des vitraux profanes avec "grotesques"

 

- XVII ème siècle :

"décadence" : émaux ternes, peu transparents, peu de grisaille, parfois seulement une vitrerie blanche (claire) avec des verres colorés notamment au jaune d'argent en bordure

les progrès techniques permettent de fabriquer des verres plus grands (généralisation du procédé par manchons déroulés) de teinte plus uniforme.

couleur : on a perdu le rouge !

 

- XVIII ème siècle :

vitrerie "blanche" (de verre neutre) en pavage géométrique, pratiquement plus de vitraux.

 

- XIX ème siècle :

tentatives d'imitation des vitraux anciens, mais une certaine difficulté à retrouver les couleurs liée notamment à trop d'atténuation par des verres teintés dans la masse (par opposition aux multicouches).